ASSISE, POSTURE: apport du YI QUAN

" Entre Ciel et Terre, nous maîtrisons le YIN et le YANG, notre respiration est légère, nous sommes seuls, nous protégeons l'Esprit, les muscles comme unité ..."

 

Citation du Nei Jin Su Wen d'après Dr YU YONGNIAN

dans "ZHAN ZHUANG, l'Art de nourrir la vie", Discovery Publisher, 2015 : p.67

 

Nous avons intégré avant les Enchaînements de TAIJI QUAN, en plus des Mouvements Préparatoires, la pratique de Postures immobiles. Nous avons ajouté la "Posture de l'Arbre" (HUNYUAN) après les mouvements de clôture du Petit et du Grand Enchaînement (Cf. photo 1 ci-dessous).

 

Pour la petite histoire :

 

"J'ai pris conscience de l'apport de la pratique des Postures dans la pratique du TAIJI QUAN, lorsque j'ai décidé d'élaborer un livret pédagogique contenant les photos des phases significatives des mouvements de l'Enchaînement de TAIJI QUAN.

En effet, lorsque j'ai dû arrêter le mouvement à plusieurs moments de son déroulement (cf. photo 2 pour un exemple), et tenir la pose afin de réaliser un cliché net, j'ai pu sentir que, dans certaines phases du mouvement "arrêté", il y avait un léger déséquilibre. Lorsque j'ai ajusté les postures pour retrouver un sentiment de plein équilibre, j'ai immédiatement perçu le rehaussement du relâchement occasionné par la disparition des tensions compensatrices desdits déséquilibres. Cela m'a ouvert tout un nouveau champ d'affinement et d'ajustement de ma pratique.

J'avais pratiqué lors de mes premières années d'étude, avant même de découvrir le TAIJIQUAN, des exercices de QI QONG et notamment une posture debout. Je me suis souvenu d'une discipline qui recommandait la "Posture de l'Arbre". Je m'y suis réintéressé afin de nourrir et enrichir ma pratique. C'est à cette occasion que j'ai découvert la pratique du YI QUAN et au sein de cet ensemble de pratiques, le ZHAN ZHUANG.

De l'eau a coulé sous les ponts et je continue à mesurer l'impact de la pratique des postures dans ma pratique du TAIJI QUAN."

 

Je rejoins tout à fait Kenji TOKITSU lorsqu'il affirme que : " Les engrammes des mouvements peuvent se former d'une manière plus intense, plus complexe dans les mouvements lents que dans les mouvements rapides, dans une posture apparemment immobile que dans les mouvements lents." (Taï-chi-chuan, Origines et puissance d'un art martial, Editions DésIris, 2010: p.100).

 

Cependant s'exercer à se mouvoir de manière lente, continue, avec une coordination totalement unifiée de tout le corps et en recherchant à conserver une absence de déséquilibre tout au long du mouvement me semblent nécessiter un niveau d'intégration supérieur à celui que requiert la pratique des postures immobiles.

Il s'agit en effet de maintenir la posture tout en intégrant la dimension supplémentaire qu'est le mouvement : la pratique consiste à maintenir de manière naturelle l'équilibre entre les différentes forces en présence (demeurer dans la posture) tout en intégrant les changements incessants de direction et d'intensité de ces-dites forces générés par le mouvement !

Vous trouverez un développement de cet aspect de la pratique du TAIJI QUAN dans la rubrique "Circularité du mouvement" de la page "Principes fondateurs et processus du TAIJIQUAN" (cliquez ici pour y accéder)

 

William (06/05/2017)

A noter que la pratique des postures est déjà intégrée dans le Grand Enchainement de TAIJIQUAN : il s'agit de la posture "Préparation au Taiji" qui précède "Ouverture du Taiji".

 

"L'exercice le plus important, et donné par la presque totalité des maîtres, est le travail debout (zhan gong). Il consiste à prendre la position du commencement et à rester dans cette position immobile le plus longtemps possible".

 

Catherine DESPEUX

TAIJI QUAN, Art martial, technique de longue vie

Guy Trédaniel Editeur, 1981: p. 138

 

 

ZHAN ZHUANG (se tenir "droit comme un poteau" ou "dressé et stable comme un pilier")

 

Atteindre la quiétude est la condition fondamentale de cette pratique.

 

Nous dirions pour aider à susciter chez le pratiquant l'émergence d'un tel état, qu'il s'agit d'entrer dans la Posture Juste et d'apaiser l'esprit ou le mental :

  1. "S'abandonner, tout en se maintenant, dans la posture" : laisser le "corps" se poser dans une posture stable et unifiée.
  2. "S'ouvrir à et se laisser remplir par le Courant" : lorsque l'esprit s'apaise ou se "concentre", un essor vibrant et radiant s'installe naturellement et proportionnellement au degré de relâchement trouvé lors de la recherche de la posture et permis par nos dispositions internes.

Véritable méditation debout, ZHAN ZHUANG recherche "la mobilité dans l'immobilité" ou, selon la terminologie du Dr YU YONGNIAN, un état simultané de "Mouvement interne et de quiétude externe".

 

En gardant la même terminologie, nous proposons, au cours de la pratique du TAIJI QUAN, de maintenir cette "quiétude externe" lors de l'exécution des mouvements tout en laissant le "mouvement intérieur" (ou courant intérieur) animer et impregner de manière constante le mouvement : il s'agit de "conduire le mouvement tout en se laissant conduire dans le mouvement". 

 

Lors des mouvements, il s'agit également de trouver "l'immobilité au sein de la mobilité". Pour notre part, l'immobilité consiste à percevoir la continuité sous jacente à toutes les phases de transformation de l'énergie que nécessitent les déplacements et notamment les transferts de poids au cours des mouvements de TAIJI QUAN.

 

Le "mouvement interne", mû lui-même par un jaillissement incessant, nous semble pouvoir se déployer au sein des mouvements de TAIJI QUAN d'une manière continue et fluide à condition que :

  1. son élan ne se dissolve pas dans le "trou noir" des déséquilibres posturaux ou des errements mentaux (désancrage/décentration/distraction ....),
  2. et qu'il ne se "consume" pas dans les frictions occasionnées par la traversée des congestions qui s'interposent inéluctablement tant que les mécanismes de défense auto-conditionnés à l'origine des tensions, des crispations, et des tendances à la restriction demeurent activés ... 

Une manière plus martiale d'encourager ce déploiement consiste à conseiller de veiller à ce que la "force soit émise de façon constante et sans interruption(Dr YU YONGNIAN : op. cité : p.204)

 

Nous considérons qu'une telle pratique du TAIJIQUAN correspond à un véritable Art de la Douceur, de l'Equilibre et de la Fluidité et à une véritable voie d'éveil de la conscience.

 

Sur le thème de la douceur nous rejoignons le Dr YU YONGNIAN qui, lorsqu'il reprend les différentes phases d'évolution du Qi, dit : 

"Ce n'est que dans la quiétude que le Qi peut passer de clair à équilibré, d'équilibré à harmonieux, d'harmonieux à doux et de doux à très doux" (op. cité : p.78)