Quelques mots sur le TAIJI QUAN

Le Taiji Quan me semble être un chemin que chacun parcourt par lui-même et en lui-même ... Pourtant il s'agit aussi d'une histoire de transmission, tel un passage de relais où sa propre flamme se réveille et se nourrit au contact d'une flamme préexistante, puis acquiert la capacité de briller de manière autonome ...

De ce fait, en préambule, parole est donnée à mon professeur, Ram, à qui j'adresse toute ma gratitude pour la qualité de sa présence et l'ambiance chaleureuse de ses cours et des moments partagés :

« Il en fut ainsi lorsque je découvris le Taiji Quan, art ancestral développé en Chine, transmis en Europe et aux États-Unis depuis une quarantaine d’années. Très vite, je pris conscience d’être en présence d’un témoignage gestuel d’exception. Tantôt présenté comme un art martial à part entière, tantôt comme un exercice de santé ou bien sous l’angle d’un accès à l’intériorité même, dans la pure tradition taoïste. […]

Actuellement, le Taiji Quan se présente comme une mosaïque d’écoles et de styles divers : styles Chen, Yang, Wu, Sun, etc. De nombreuses bases sont communes à tous ces courants : des enchaînements de mouvements d’une durée plus ou moins longue exprimant des situations martiales liées entre elles, la recherche d’une parfaite aisance motrice et l’unité du corps dans ses moindres actions. Pour chacun des styles actuels, il existe des enchaînements de mouvements effectués sans partenaire, et des « exercices à deux » qui requièrent la présence et l’action complémentaire d’un tiers.

La fascination que provoque Le Taiji Quan est due, pour une grande part, à la continuité du rythme lent et la parfaite aisance motrice dans laquelle il s’exprime. La lenteur ininterrompue constitue l’une des caractéristiques majeures du style de Taji Quan développé par M. Yang Chen Fu (1883-1936) dont je reçus, naguère, l’enseignement par l’un de ses élèves, M. Li Guang Hua (1914-1977). »

Avant de donner quelques informations sur le TAIJI QUAN, je vous propose deux citations qui ne sont pas d'un pratiquant de TAIJI QUAN mais qui sont, à mes yeux, très éclairantes sur le fait que la pratique du TAIJI QUAN n'est pas une fin en soi mais plutôt un moyen, un accès ...

 Etre éveillé au TAO et le laisser rayonner par le « non-agir » tel est le but de tout exercice […] Ainsi dans l’esprit oriental, le but essentiel [de l’exercice] n’est pas la performance, mais l’homme qui l’accomplit. 

Karlfried Graf DÜRCKHEIM

Extrait de « L’Expérience de  la Transcendance »

Le Taiji Quan, dans sa dimension initiatique, permet d’éprouver la résonnance de l’Être en soi-même. A travers et par-delà la précision de la technique, l’exercice prépare les conditions de cette expérience et conduit chacun au long d’une pratique constante et durable, à devenir une personne unie à la profondeur et capable d’en témoigner dans le monde.

Karlfried Graf DÜRCKHEIM

Préface de « TAIJI QUAN, Enseignement de LI HUANG HUA » de Jean GORTAIS

QUELQUES MOTS sur le TAIJI QUAN

Beaucoup d'incertitude sur les origines du TAIJI QUAN.

L'histoire du TAIJI QUAN, de ses origines, de sa génèse, de ses évolutions et de ses différents courants au cours des âges n'est pas établie de manière détaillée et inconstestable. L'emploi du terme TAJI QUAN n'est attesté que dans des textes relativement récents (XIXè siècle) mais les pratiques qu'il regroupe sous son nom semblent avoir des origines bien plus anciennes et relativement diverses.

Nous renvoyons les personnes souhaitant prendre connaissance des différentes thèses sur l'histoire du TAIJI QUAN, vers la consultation des différentes publications abordant ce sujet.

L'Ecole YANG (ou Style YANG) :

Le "style" pratiqué à l'Institut est issu de l'Ecole YANG.

Si la famille CHEN fut le berceau du Taiji Quan, la famille YANG fut la source principale de sa propagation, grâce à YANG LUCHAN (1789-1872), disciple de CHEN CHANGXING, nous explique Catherine DESPEUX (1981).

Pour raccourcir l'histoire et la liste des noms propres, YANG CHENGFU, qui est à l'origine de la forme reçue par mon professeur, est le petit fils de YANG LUCHANG, le créateur du Style YANG.

YANG CHENGFU a rendu la forme moins exigeante au niveau physique et a privilégié la continuité et la lenteur du mouvement (en supprimant les alternances de mouvements lents et rapides présentes dans les formes précédentes). Au delà de l'art martial, le Taiji Quan a commencé à être pratiqué pour ses vertus sur la santé et la recherche de la "longue vie" et aussi comme un accès à l'intériorité et à la quiétude recherché auparavant seulement au cours de l'assise méditative immobile.

Au sein de l'Institut, j'ai conservé la dénomination "Style YANG" du fait que les principes de notre pratique sont issus de cette Ecole. Cependant, cela ne signifie pas que la forme transmise à l'Institut est en tout point identique à celle transmise par YANG CHENG FU au début du XXème siècle. Certaines modifications sur la forme ont été effectuées par mon professeur, et j'ai apporté certains ajustements au fur et à mesure de mon expérience tant de pratiquant que d'enseignant.

Ces évolutions ne me semblent pas être des déformations mais des ajustements en rapports avec l'accent mis sur certains aspects de la pratique. Une pratique davantage tournée vers l'aspect méditatif et vers le relâchement intérieur a orienté mon attention sur l'affinement de la forme à la recherche 1) de la suppression de toute les sources de déséquilibre et 2) de la dissolution de toutes les source de tension liées à la forme elle-même. Cette démarche est grandement facilitée par la lenteur d'exécution et par l'adjonction de la pratique de postures de ZHANG ZHUAN dans la phase préparatoire à la pratique des Enchaînements de Taiji Quan.